DEBARQUEMENT 6 JUIN OMAHA

Témoignage de Michel Hardelay

22 - L'ANCIEN PORT DE VIERVILLE et LE ELEVENTH PORT de 1944

Des postes de guet
Avant l'occupation du Bessin par les Normands les populations côtières craignaient tout ce qui venait de la mer, à juste titre puisque tous les envahisseurs et pilleurs arrivaient en bateau.
Des postes de guet et de défense avaient été édifiés le long de la côte. Un de ces postes, tour en bois sur une base en dur, est encore visible à Saint Laurent, derrière le "Prieuré", tout au moins le socle avec ses pierres disposées en arêtes de poisson.
La même préoccupation devait être celle des Allemands en 1944.

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l'abordage de la côte
Lorsque l'Angleterre fut conquise en 1066 par les Normands le problème des liaisons à travers la mer se posa.Les seigneurs normands qui devenaient possesseurs de domaines outre-Manche avaient besoin de s!y rendre pour les surveiller, les gérer et ramener ensuite le butin.Les routes du Bessin, le plus souvent des chemins boueux en mauvaise saison, étaient, de plus, parfois peu sûres.Il était indispensable que le parcours terrestre fut le plus court et direct possible; ceci privilégiait le cabotage et exigeait l'abordage de la côte le plus près possible du lieu de destination.
Le rivage du Calvados possédait des lieux naturels d'abordage et d'échouage : les estuaires des rivières et quelques havres". La Vire, la Seulles, l'Orne, la Dives, la Touques, enfin la Seine. Le plateau de Grandcamp pouvait être utilisé comme échouage, mais en cas de tempête de N.N.E. les barques devaient être halées à terre.
Il existait sans doute des points d'abordage à Arromanches-Tracy et à l'actuel Port-en-Bessin, ce qui constituait des points d'accostage distants d'environ dix kilomètres sur toute la côte, sauf entre Grandcamp et Port, d'où la nécessité de créer un lieu d'abordage entre ces deux havres.

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Vierville
C'est pour cela que Vierville, comparativement plus peuplé à cette époque que maintenant, équidistant de Port et de Grandcamp, fut choisi.Il était facile à partir de ce point de la côte de desservir les fiefs de La Ramée à Trévières, de Colombières, de Bernesq, etc.
Peu à peu, au cours des siècles, le havre devint port avec deux jetées et un bassin avec une passe de dix mètres, largeur suffi­sante pour les bateaux de cette époque.
Le bassin fut creusé au pied de la falaise, non loin du vallon qui permettait le seul accès à la plage. Pour y rentrer les barques devaient attendre la mer haute, les jetées n'avançant que de 150 mètres en mer. (Il se peut toutefois qu'à cette époque il y ait eu une hauteur de sable bien moindre.)
Des plans partiels des jetées et du bassin sont jointe,. Lorsque les tempêtes enlèvent le sable, à cet endroit, certaines années, on peut voir encore les bases des jetées - pierres taillées sur la jetée Ouest et dans le bassin, pieux en bois pour la jetée Est.
Une chronique ancienne écrit que le port est bien défendu par un bon canon qui en interdit l'entrée.
Ce canon se trouvait vraisemblablement à l'extrémité de la jetée Est où était construit un solide bastion. Son arasement par les tempêtes a laissé un amas de pierres à cet endroit que l'on a coutume ici d'appeler les "rochers de la balise".
Ce mot de "balise" peut provenir des vieilles appellations bastille ou bâtisse ?? La taille des bateaux augmentant, la création d'un port plus vaste devint indispensable et l'on choisit Port-en-Bessin.
Les jetées de Vierville, non entretenues, furent disloquées par les tempêtes et le port s'ensabla.

Toutefois dans les registres paroissiaux du milieu du XVIIeme siècle on trouve encore à Vierville quelques pêcheurs et matelots, un toilier et un cordier.
En 1920, à l'emplacement du bassin - actuellement propriété de Mr ESNAULT -, il existait encore une mare peu profonde avec des roseaux.


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Défenses Allemandes
Le souci d'empêcher le débarquement en cet endroit amena les Allemands à défendre ce lieu par plusieurs pièces d'artillerie : un 88, un 75 biflèche, deux 77 tous pointés vers l'Est, un moyen calibre (env.50) tirant vers l'Ouest et l'Est, une batterie de 88 à 4 kmn. de la côte et six mortiers, dont quatre sous béton.
C'était beaucoup plus que la vieille bombarde de la "balise" qui cependant avait défendu le port pendant de longues années, alors que les canons allemands ont été neutralisés en 36 heures.

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Jetées américaines
En 1944, les conditions imposées pour une bonne évacuation du matériel amenèrent les Américains à construire leurs jetées flottantes exactement au même endroit que les jetées d'antan. La seule différence consistait en leur longueur, environ triplée.
Mais la tempête les détruisit beaucoup plus vite que celJ.es de nos ancêtres ! !
L'histoire est un éternel recommencement