DEBARQUEMENT 6 JUIN OMAHA

Témoignage de Michel Hardelay

VIERVILLE SOUS L'OCCUPATION ALLEMANDE

6 - La PECHE avec autorisation.

Tolérer la pêche à pied
Les Allemands s'étaient très vite rendu compte qu'ils avaient tout intérêt à tolérer la pêche à pied car celle-ci permettait à leurs troupes d'avoir un supplément non négligeable de nourriture gratuite ou peu onéreuse par retenue à la source.
En effet il était possible aux habitants d'avoir une autorisation pour aller sur la plage à l'époque des harengs (de septembre à décembre) afin de tendre leurs "harenguères". Mais, comme ces filets devaient être relevés de nuit, cela impliquait une en­torse au couvre-feu et un accompagnement par un ou deux soldats la nuit.

Certains prélèvements...
Par contre, avant de permettre aux pêcheurs de se rendre sur les lieux de pêche en ouvrant la barrière située en bas de la rue de la Mer, certains soldats avaient eu le temps de faire certains prélèvements lorsque les prises étaient nombreuses et avant que les renards ne le fassent, ce qui n'était pas rare.
Les autorisations étaient également valables pour la pêche dans les rochers sous les communes de Louvières et d'Englesqueville,mais de jour seulement, et sous la surveillance des soldats occupant les hauts de falaise. Ceux-ci n'ignoraient pas la pêche au fusil, quitte à utiliser les "dévalous" pour aller chercher leurs cibles, qui étaient toujours de grosses pièces, congres ou bars.
Le premier événement grave survint peu après mon arrivée, c'est-à-dire durant l'hiver 1940-1941, alors qu'il y avait de la neige en bord de route.

Un objet en cuivre assez lourd
Fernand, le propriétaire du bazar de la plage qui se trouvait alors à l'emplacement du monument actuel de la National Guard U.S., avait une âme de naufrageur-récupérateur ( sa famille n'avait-elle pas acheté aux Domaines pour le découper l'épave du bateau échoué pendant la première guerre mondiale dans la "fosse" de Louvières). 11 avait au cours d'une prospection sur la plage trouvé et rapporté un objet en cuivre assez lourd.
Arrivé à la devanture de son bazar il le jeta à terre; mais l'objet en question était sans doute un détonateur de mine qui demandait à être manié avec précaution, il explosa et le souffle décapita Fernand.
Heureusement aucun des militaires hébergés à proximité ne fut blessé, pas même le planton de garde au barrage de la route, mais les autorités allemandes crurent aussitôt a un attentat. Il fallut l'intervention du maire, ancien prisonnier de guerre en Allema­gne et qui pouvait se faire comprendre, pour leur démontrer que c'était un accident fortuit, que le responsable était mort et qu'il n'y avait que des dégâts matériels insigni­fiants .
Pendant ce temps on recherchait la tête de Fernand; on la retrouva finalement au-dessus du faux plafond de la devanture qu'elle rivait percé et qui s'était refermé après son passage.
Cet incident n'eut pas de suite et rien de notable ne devait avoir lieu en 1941.

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* La date exacte peut, se retrouver. Il suffit de consulter les actes de décès à la mairie de Vierville.

** Le capitaine s'appelait Adolf GRUNSCHLOSS. il était né le 19 4anvier 1893 et était borgne de l'oeil droit. Sa fille recherche sa tombe. (Il a peut-être été enterré dans les tranchées du parc du Manoir de Thaon''?)