FORCES : PREPARATIFS, la stratégie allemande

Quelle stratégie allemande ?

L'essentiel de la stratégie repose sur le mur de l'Atlantique même si le maréchal Von Rundsedt n'y croit pas, au contraire de son subordonné Rommel.

Le débarquement est inévitable. Les allemands comprennent tôt que les alliés vont débarquer, mais ils ne savent ni quand , ni où ! et, de plus, les informations dont ils disposent sont fausses en raison de l'extraordinaire succès de la désinformation menée par les alliés. En Novembre 1943, Hitler "décide de renforcer ses défenses à l'ouest" et nomme Rommel inspecteur des fortifications qu'il renforce.

Une stratégie défensive. Les allemands sont passés d'une phase offensive à une phase défensive : d'une part la Luftwaffe manque d'avions et de pilotes, il n'y aurait qu'environ 500 appareils en état en 1944 sur des bases sans cesse bombardées, et, d'autre part, la "kriegsmarine" se réduit à une cinquantaine de navires de guerre éparpillés sur les quatre grands ports français (Brest,Cherbourg, Le Havre, Boulogne), les sous marins étant en forte diminution, 5000 ayant été détruits. Il reste les 10 divisons blindées (1500 chars) qu'on ne sait où placer... puisqu'on ne sait pas où les alliés vont débarquer ! elles seront finalement réparties en trois groupes, et Rommel bénéficiera de 3 divisions, ce qu'il jugera insuffisant.

Où mettre les forces d'infanterie? Où positionner la réserve, les divisions de chars? Ce sont des questions auxquelles il est impossible de répondre. Positionner stratégiquement les 59 divisions (700.000 hommes) en Europe de l'Ouest, sur 5000 km de côtes, c'est prendre d'énormes risques. J Quellien a calculé qu'une unité doit ainsi défendre 80 km , ce qui est dix fois inférieur à la norme militaire. Et Hitler craint une invasion... un peu partout "à faire son tour de carte, les yeux lui sortaient de la tête".
Rommel pense que"toutes nos forces doivent donc se trouver le long des côtes (y compris les blindés)" car "c'est lorsque l"ennemi accoste qu'il se trouve dans la phase la plus critique". Il est conscient que l'insuffisance des forces aériennes allemandes ne permettra pas aux blindés d'arriver à temps, donc il demande le maximum de moyens sur le littoral. Au contraire,Von Rundstedt pense qu'il faut laisser les alliés débarquer pour mieux les rejeter à la mer avec une violente contre attaque de blindés, qu'il faut donc positionner loin derrière ; en effet, il estime qu'on ne peut savoir où les alliés vont débarquer. Hitler hésite puis donne, seulement, 3 divisions blindées à Rommel.

Où vont-ils débarquer ? Von Rundstedt, dés 1943, pense que " Si j'étais Montgommery, j'attaquerais dans le Pas de Calais" en effet les allemands estiment que ce lieu semble la solution militaire la plus viable pour un débarquement mais ils se méfient beaucoup des stratèges alliés. Hitler voit de multiples possibilités, en particulier en Bretagne ou Cotentin, et craint, comme Rommel, un piège : une double attaque successive en deux lieux pour diviser les forces allemandes. Les allemands ne peuvent rien négliger.

Une armée inégale. Les forces allemandes présentes en Normandie juxtaposaient des troupes de qualité et des soldats considérés comme "de second ordre" en raison de la présence de nombreux vétérans et de soldats d'origine russe ("ossttruppen" prisonniers de guerre). De même, le matériel était inégal: les blockhaus étaient équipés de canons venant d'un peu partout, l'on manquait essentiellement de moyens de transports : les chevaux et les bicyclettes dominaient. Le commandement allemand n'hésitait pas à déplacer en permanence ses unités, parfois même pour tromper l'ennemi, à un tel point qu'il existait deux couleurs sur les cartes avec les vraies (bleu) et fausses positions (rouge). Toutefois en mars 1944, les modifications de Rommel sont importantes :la plupart des divisions se concentrent sur le littoral, ainsi le Bessin était-il occupé par la 352°DI à l'Ouest (elle vient de St Lô) et par la 716°DI qui se dépalce vers l'Est en dépassant l'embouchure de l'Orne, avec à proximité, derrière la Vire,le 6°régiment de parachutistes. Rommel n'aura pas pleinement satisfaction puisqu'il n'obtient pas tous les renforts escomptés(Hitlerjugend, Panzer, Nebelwerfers...)
Sur Omaha, les WN ont un équipement en armes disparates et des effectifs réduits et souvent peu motivés. Certains WN sont probablement très faibles. Quant aux bunkers ils sont souvent inachevés, le canon correspondant étant alors resté au voisinage, non protégé.
Il est remarquable que le WN 62 comportait une quinzaine de soldats de la 3/726 dont Gockel avec sa mitrailleuse Polonaise et les servants des 2 petits canons de campagne de 75, des 2 canons de 50mm, et des mortiers, 3 soldats de la 8/916 en renforts, et 7 artilleurs pour l'observation des tirs dont Severloh qui avait une MG42, arme de qualité. Au fond l'arme "Artillerie" paraissait confortablement équipée en effectifs et armement, comparée à l'arme "Infanterie". Des effectifs finalement bien disparates et bien maigres pour un des plus importants WN d'Omaha Beach. Tous les autres WN étaient probablement armés de façon aussi médiocre. Cela pourrait expliquer la chute rapide des WN 60, 64, 65, 70 et même la défense médiocre du 73 devant une poignée de Rangers. [source YC]


Quelles stratégie globale ? Hitler est persuadé que le débarquement sera un échec pour les alliés avec plusieurs conséquences:
-l'absence de nouvelle tentative dans de brefs délais et donc
-le temps de finaliser les nouvelles armes (en particulier V1 et V2) qui rendront ensuite le reich invincible
-le départ des deux vieux leaders alliés, Roosevelt et Churchill, partisans d'un débarquement, avec l'affaiblissement des deux démocraties.
-la possibilité de se retourner vers l'URSS avec davantage de troupes

Pour Hitler, la victoire au débarquement, "ce serait, l'élément capital dans l'ensemble des opérations de guerre et donc dans le résultat final (...) il faut donc que chaque officier, chaque homme de troupe, vive dans le sentiment que tout dépend de son effort individuel".
Hitler ne se trompa que sur un seul point :ce ne fut pas la victoire mais sa défaite.