Témoignage de Monsieur Feutry

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Débarquement

Débarquement
vu à 15 ans

De Gaulle

LE DEBARQUEMENT

Etant à Trévières, détruit à 80 % les 6,7, 8 juin 1944 par l'artillerie américaine, nous nous demandions bien ce qu'il était advenu de mes grands parents.
A notre surprise, habitant le Haut pays devant l'ancienne école, ils ne se sont pas tellement rendus compte du débarquement.

Des exercices

Le 6 juin, nous-ont ils dit, des "exercices" étaient prévus en bas sur la mer ? ! ...Ils logeaient un lieutenant allemand qui allait tous les jours dans les blockhaus.

L'opération Overlord s'est passé le 6 juin sur la plage d 'Omaha, mais ils ont été plus que troublés par le bruit des avions et les tirs d'artillerie. Mais c'était des "exercices"... En fin de matinée dans leur petit jardin a pris position une mitrailleuse avec trois soldats. "Encore des exercices !". Enfin les soldats sont partis assez vite. Ma grand mère était quand même très inquiète et se décide à interpeller à haute voix Monsieur Hubert qui était chez lui, de l'autre côté de la route. Très ennuyé, il met un doigt devant sa bouche pour dire "chut!". Le champ qui jouxtait sa maison était rempli d'américains et dans les minutes qui suivirent , O surprise, ce n'était pas des soldats allemands mais les GI.
Ils venaient d'être libérés et pas un carreau de cassé!

J'ai obéi à mon père !

Le 15 juin 1944, je suis venu de Trévières à bicyclette avec mon père pour embrasser mes grands parents. Ensuite, tous les deux, nous avons pris le chemin du Ruquet pour nous poster par la suite sur le haut de la falaise et voir le "débarquement".
C'est une "image" qui marquera à jamais mon existence. La mer noire de bateaux jusqu'à l'horizon. Des bateaux de guerre, de transports de troupes et de matériel, des chalands de débarquement, des camions amphibies ("Duke" ou canard), des saucisses (ballons captifs) pour empêcher l'attaque en piqué des avions sur les bateaux, des ambulances conduites dans l'eau dont le tuyau d'échappement dépassait le pare brise tandis que les moteurs étaient enduits de graisse pour éviter l'infiltration d'eau.
Je suis marqué à jamais. Mon père m'a dit: "Regarde bien, tu ne reverras jamais cela et tu pourras décrire la scène à tes enfants et petits enfants". J'ai obéi à mon père !
Il y avait sur la falaise sur le haut du Ruquet un aérodrome où étaient alignés des Dakotas, DC3 qui n'arrêtaient pas de décoller, ainsi que quelques Spitfire, Mustang, et autresappareils. Je ne pense pas que cet aérodrome ait fonctionné longtemps.
Je suis allé dans les semaines et les mois suivant chez mes grands parents et j'allais à chaque fois sur la falaise du Ruquet au dessus des blockhaus assister au spectacle du débarquement.