Témoins Normands

LECOURT Jeanne, âgée de 18ans ouvrière agricole à Surrain

Il fallait qu'on fasse voir la ferme

Je me souviens de ma première rencontre avec un américain, il était, je vais dire dans les 2 heures, le 6 Juin à Surrain. Avec moi, il y avait mes patrons et le domestique qu'était avec moi. Quand les américains nous ont vus,il fallait sortir de l'abri se ranger un à un le long du mur du jardin, puis, on a été fouillé, puis, on nous a relâché. L'américain était assez jeune, muni d'un fusil pour nous surveiller tous les quatre, il avait un habit de militaire. Il fallait qu'on fasse voir la ferme, on est parti faire visiter, on savait qu'y avait personne parce que le chef (allemand)était parti la nuit à la mer, il y couchait toutes les nuits avec la compagnie de 100 hommes qui y avait au pays.
Il nous a demandé "Pourquoi qu'on était encore là !". On lui a répondu :"Tout le monde est au pays". Normalement, les américains n'auraient du trouver personne jusqu'à la route nationale 13. Après,on est allé voir dans dans nos champs pour retrouver nos bêtes.

il y a eu un mort à la commune

Presque pendant 1 mois, on voyait plus que des militaires plein les routes, des tanks toute la journée, la journée entière. On pouvait pas bouger. En plus, il y a eu un mort à la commune, fautement des américains. Il avait laissé ses enfants à l'abri, puis, il est allé faire à manger à sa maison et les enfants ont voulu retrouver leur père. Y'en a un qu'est sorti, y avait les américains qui passaient sur la route, ils ont vu le gamin tout seul,ils l'ont pris, ils l'ont amené. Quand le père s'en est aperçu, il a voulu sortir et retrouver son enfant: à ce moment là, les soldats l'ont mis en joue, et il a pas arrêté ! alors, il a été fusillé. On a eu que ça comme mort.

un tas de 200 bicyclettes

Je me souviens, y nous donnait beaucoup de chocolats, de bonbons, de tout, un peu, quand y passaient. Quand le débarquement fut passé, dans les 8-15 jours, y avait que quelques américains qui restaient .
Je sais que Trévières a été pris 3 fois, le mont de Trévières, plus une fois quand les allemands sont arrivés,il y avait un tas de 200 bicyclettes à la même place. On en a vite pris une, mais 8 jours après, il a fallu la redonner !

une photo

e possède une photo d'un jeune américain mais je sais pas pourquoi je l'ai gardée ! comme ça, en souvenir. Y venait à la ferme apporter des déchets pour les cochons, c'était tout.

 

DATE DE L’INTERVIEW :décembre 2003
LIEU : MANDEVILLE
DUREE : 10 min
RECUEILLI PAR : Dubois Revenu Vincent & Lecomte Pierre Alain